Cameroun: Notre SBA Coop a triplé sa production végétale
Il y a quatre ans, Odile Prevot, notre Secrétaire Générale, a offert à certaines des mamans des enfants que nous aidons l’opportunité de créer une coopérative agricole à Bangangté. Elle a suivi de près leurs progrès et les a rencontrées virtuellement tous les mois. Jusqu’à maintenant, cette coopérative a permis à 17 femmes d’augmenter leurs revenus et a eu un impact positif sur la vie de leurs familles et de celles de nos enfants. Odile et toute la Serge Betsen Academy (SBA) sont très fières de leurs réalisations et de leurs ambitions. Odile a décidé d’écrire les notes suivantes pour honorer ces femmes courageuses et partager avec vous leur réussite :
« Comment le fait de créer une indépendance financière pour les femmes mène à la durabilité ?
En 2016, alors que je visitais l’un de nos centres au Cameroun, j’étais dans une classe, assise avec quelques mères des enfants que nous aidons. Nous nous connaissons depuis des années maintenant et elles veulent toujours entendre des histoires venant d’Europe et d’Amérique.
Alors que j’étais assise avec l’un de leurs bébés sur mes genoux, nos principaux sujets de discussion étaient la santé et l’éducation. Elles ont expliqué que, bien que le devoir de l’homme soit de fournir une maison et de couvrir les frais du foyer principal, il revient aux mères de s’occuper des enfants et de tous les frais liés à leur éducation. Cependant, contrairement aux hommes, leur accès aux ressources financières est très limité. L’une des mères, Clotilde, a évoqué son souci : son travail dans les champs n’était pas suffisant pour subvenir aux frais de scolarité de ses enfants et autres dépenses ; et elle a demandé de l’aide car elle savait qu’avec les bonnes ressources, elle pourrait faire pousser plus de cultures et joindre les deux bouts.
D’autres mères se sont jointes à nous et la discussion est devenue très animée. Réalisant que c’était un problème commun, qui pouvait, si elles unissaient leurs forces, devenir une opportunité, je leur ai proposé d’envisager une coopération, où les mères prendraient la responsabilité des opérations et de la gestion de la COOP. Le rôle de la SBA serait d’assurer la supervision et le financement des semences en début d’année, et en contrepartie la COOP rembourserait l’emprunt 12 mois plus tard et partagerait une partie des récoltes durant l’année de façon à aider à nourrir les enfants du centre SBA.
C’est comme ça, tout simplement, que la SBA Coop a vu le jour ; l’avocate en moi voulait créer une structure durable alors j’ai rédigé les statuts de la COOP en suivant les principes de l’OHADA, avec 11 mères fondatrices et avec la SBA fournissant le financement des graines de maïs et de haricots, produisant 450 kg de maïs et 342 kg de haricots en fin d’année.
Aujourd’hui, quatre ans plus tard, la COOP a triplé sa production agricole, fournit suffisamment de revenus supplémentaires permettant enfin aux mères de payer tous les frais de leurs enfants et, dans certains cas, permettant à certaines mères de démarrer de nouvelles entreprises, devenant de plus en plus indépendantes financièrement.
Cette réussite incroyable a également été très positive pour la SBA, qui a non seulement toujours été remboursée à temps par la COOP, mais elle a également aidé le centre à devenir plus durable car la COOP fournit désormais suffisamment de nourriture pour nourrir plus de 130 enfants du centre SBA tout au long de l’année, totalisant près de 4000 repas.
Aujourd’hui, ce programme de micro-financement, proposé aux mamans, les aide à faire face aux urgences, à faire des achats essentiels qu’elles ne pourraient pas se permettre autrement et à mettre de la nourriture sur la table en période de pénurie, voire à démarrer de nouvelles entreprises ! Mais plus que cela, elles se sentent en droit de s’exprimer davantage, elles assument des rôles de leadership. Lorsque je les rencontre virtuellement tous les mois, nous nous assurons que la SBA Coop est aussi l’occasion de rencontrer formellement toutes les autres mamans pour discuter de problèmes et développer des actions communes.
Je suis si fière de nos femmes rurales. Elles travaillent aussi dur, sinon plus, que les hommes à leurs côtés avec moins de revenus, et en tant que membres de la société civile, nous devons utiliser nos pouvoirs de mobilisation pour renforcer les capacités et la résilience lorsque nous aidons les femmes dans le besoin. »
Odile Prevot