10 ans 10 histoires (5)

Pour les dix années d’existence de la SBA, nous vous proposons de revenir sur des événements marquants du passé avec les témoignagnes de ceux qui ont fait vivre l’association tout au long de son existence.

Voici le témoignage de Jean-Cyrille, professeur et responsable du centre de Bafia.

Madame, Monsieur les responsables,

Si la Serge Betsen Academy (S.B.A) n’existait pas, il fallait la créer ; et maintenant qu’elle existe, il faut trouver les voies et moyens pour l’agrandir tellement elle symbolise l’espoir pour beaucoup de désespérés».

Trois cas de figure pour étayer cette affirmation :

SOUMEKOUNG Ferry, né le 12 août 1999, sans être orphelin, il n’a ni père ni mère (son père étant homosexuel et ne voulant pas que ses compagnons actuels découvrent cette « erreur » du passé, il l’a prié d’aller vivre chez sa mère; et sa mère, démunie, sans aucune ressource, devant s’occuper de 04 enfants qu’elle a eu avec 04 pères différents, n’avait pas d’autres choix que de lui demander de commencer à se battre…comme un homme).

C’est ainsi qu’il s’est vu obligé d’abandonner les classes pour travailler dans une scierie où il était manutentionnaire gagnant 1 000F chaque jour où il était retenu.

Grâce à la Serge Betsen Academy, Ferry est sorti de cet enfer :

?La SBA, par le biais de l’encadreur du Centre de Bafia, lui a trouvé une place dans un Lycée de la place en plein milieu du 2e trimestre en classe de Form III ;

?La SBA a payé ses frais de scolarité le 14 mars 2014 ;

?La SBA lui a trouvé un toit et une nouvelle famille (il fait partie des deux enfants qui sont logés dans les locaux de la SBA de Bafia) ;

?La SBA le nourrit : un budget pour l’alimentation des enfants a été spécialement adopté par vos soins ;

?La SBA va plus loin – elle l’habille. Un mois ne passe pas sans que la coordinatrice des activités au Cameroun, Mme NGAMY, ne m’invite à descendre sur Yaoundé pour aller récupérer les habits et les chaussures à distribuer aux enfants.

Résultait : Ferry est comme un enfant né de nouveau, avec de nouvelles envies, de nouveaux espoirs, de nouveaux challenges. Et le premier défi qu’il a tenu à relever était celui d’aller en classe supérieure malgré le retard accusé : il a eu une moyenne de 10,65 / 20 et se retrouve 16ème sur les 50 qu’ils étaient dans sa classe.

Sur un tout autre plan, YAYA NYAM Armand Parfait, élève en classe de 1ère au Lycée technique. Il a présenté le Probatoire cette année.

Problème : il a choisit comme filière d’étude les Techniques Administratives (1ère S.T.T). Une série qui a deux exigences fondamentales : l’élève doit avoir un ordinateur à la maison et par conséquent, disposer d’une alimentation en énergie électrique. Malheureusement, Parfait vit chez un oncle qui ne peut pas se payer le luxe d’un abonnement au réseau électrique, la famille s’éclaire avec la lampe tempête depuis des années. Et ce n’est pas dans ces conditions qu’on peut lui offrir un ordinateur si déjà la famille n’a même pas un téléviseur.

Grâce à la SBA, YAYA fait aujourd’hui partie des privilégiés : en intégrant la SBA en 2013, non seulement il bénéficie d’une salle d’étude éclairée, mais aussi et surtout, il dispose en permanence de 5 ordinateurs performants. Il me répète très régulièrement qu’il s’estime chanceux et qu’il entend profiter à fond de cette chance.

Conséquence : YAYA est celui qui fait fonctionner à plein régime notre salle informatique. Il y est tout le temps.

Enfin, MAYONG Nelly à l’époque élève en classe de première, déclare une fois en assemblée générale : « ma rencontre avec l’encadreur du Centre Rosy (notre ancienne dénomination) a été un moment décisif dans ma vie. Je suis devenue moins timide, j’ai repris confiance en moi et ses conseils m’accompagnent en tout ».

ATCHAN André, classe de troisième, m’a envoyé un sms le 22 mai 2014 : « bonjour monsieur le plus grand encadreur, je tiens à vous dire merci pour tout ce que vous faites pour moi. Bon week-end monsieur ».

Et c’est dans le même sens qu’André BETSEN me dit : « Monsieur, je dois vous dire que je regrette que tous les conseils que vous nous donner à chaque rencontre ne soient pas enregistrés quelque part tellement ils sont profonds ».

Voilà donc, ramassée en deux ou trois images, la SBA : une SBA qui conseille, une SBA qui redonne espoir, une SBA qui fait, j’ai envie de dire, revenir certains enfants à la vie.

Comme c’est beau de voir tous ces enfants retrouver le sourire, l’espérance. Comme c’est exaltant de les voir rêver d’un avenir différent de celui auquel leurs origines sociales les condamnaient.

Les visites régulières de Madame Odile, de Alexia, de Madame NGAMY et surtout de leur grand-frère Serge ont eu un effet magique sur eux : d’après leurs déclarations, que l’on s’intéresse à ce point à eux les fait exister, leur donne la mesure de leur importance et c’est ainsi qu’ils retrouvent confiance en eux-mêmes.

Sur un tout autre plan, c’est clair que toute organisation qui n’a pas prévu des mécanismes de règlement des conflits, des circuits d’écoute ou des éléments de motivation s’étiole et s’éteint.

C’est pourquoi je me sens très à l’aise avec l’initiative de Mme NGAMY qui est de nous réunir chaque deuxième mardi du mois pour faire le bilan du mois écoulé et jeter les bases pour le mois à venir.

C’est aussi dans le même sens que je tiens à vous remercier pour votre grande capacité d’écoute ainsi que votre promptitude à étouffer tout dysfonctionnement. Il faut dire que j’ai vécu quelques moments de doutes au sein de la SBA à cause de certains membres qui ont voulu mettre les querelles de personne au centre de nos activités.

Et c’est durant ces moments de crise que j’ai pu constater que la SBA c’est une organisation solide, une discipline à respectée et des idéaux à défendre. Vous avez réagi avec vigueur pour neutraliser tous les éléments perturbateurs. Et aujourd’hui, je pense que l’atmosphère est redevenue saine et le climat de travail serein. Votre rigueur dans la gestion des mauvais comportements, en même temps qu’elle sonne comme un avertissement pour moi et pour tout membre qui serait tenté de devenir indélicat, elle est aussi une garantie que tout est mis en oeuvre pour assurer à chacun un bon climat de travail.

Et l’idée de désigner Mme NGAMY comme coordinatrice nationale a constitué un grand coup de fouet au niveau du Cameroun. Son dynamisme, sa clairvoyance, sa

générosité et sa disponibilité sont pour moi une source de motivation. Grâce à elle, il y a davantage de lisibilité et un meilleur échange d’expérience.

Ainsi, mon adhésion à la SBA s’apparente à une aventure humaine exaltante.

Je me prends donc à rêver de voir cette aventure durer éternellement. Et cette inscription dans la durée passe certainement :

1/-Par l’agrandissement du Centre de Bafia en vue d’augmenter la capacité d’accueil ;

2/-Par l’amélioration de l’équipement pour un internet haut débit.

Et puisque le ton est libre à la SBA, je me permets de terminer mon propos par un regret : vous avez décidé de faire rêver à nouveau ceux qui avaient perdu l’envie d’avoir envie, comment comprendre qu’une cérémonie comme la fête de l’arbre de Noël soit devenue facultative.

Pour avoir eu l’occasion de l’organiser à 2 reprises, je vous prie de me croire, cette cérémonie est un moment magique pour ces enfants. En même temps qu’elle les rassemble dans une circonstance différente, festive, elle les met au même diapason que les autres enfants qui ont la chance de recevoir la visite du Père Noël.

Cette fête permet à sa manière à la SBA d’atteindre l’un de ses objectifs : celui de voir se dessiner un sourire sur le visage d’un enfant. Si je peux donc me permettre de vous suggérer de transformer cette fête en une véritable institution.

Madame et Monsieur les responsables, voila les sentiments qui m’animent au moment de clôturer cette année scolaire. Je m’excuse d’avoir été long. Mais, comment parler de la SBA en deux lignes seulement, cette structure qui fait désormais partie intégrante de ma vie.

Tout en implorant le Seigneur Dieu tout Puissant de vous accorder longue vie et sagesse pour pouvoir conduire la SBA vers de plus grands défis, je vous prie de croire à mon engagement sans faille pour que le Centre Abraham & Sarah répondent à vos attentes afin que vive la Serge Betsen Academy”.

Jean Cyrille de Bafia